La planification écologique de la France : les points clés à retenir

1. Un plan pour quoi faire ?

Le gouvernement a publié en octobre la synthèse de la planification écologique du pays sur laquelle a travaillé le Secrétariat Général à la Planification Ecologique. Ce travail a duré un an et a rassemblé différents ministères, des acteurs de plusieurs filières économiques, des représentants de collectivités locales, des think tanks et des associations environnementales.

Face aux enjeux climatiques, environnementaux et énergétiques pressants, des efforts collectifs plus importants pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre s’imposent.

La planification permet alors de tracer un chemin pour tous afin de réduire notre empreinte écologique et de nous projeter dans un monde habitable, juste et désirable.

Ce plan donne une vision long-terme des allocations d’émissions pour chaque secteur afin de tenir nos engagements climat : -55% d’émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 (vs 1990). Il traite aussi des objectifs pour une moindre pression sur la biodiversité (1,4 millions d’hectares à restaurer) et une meilleure gestion de nos ressources essentielles (-10% de consommation d’eau).

5 défis environnementaux doivent être relevés grâce à ce plan :

  1. L’atténuation du réchauffement climatique
  2. L’adaptation aux conséquences inévitables du réchauffement
  3. La préservation et la restauration de la biodiversité
  4. La préservation des ressources
  5. La réduction des pollutions qui impactent la santé

Cette vision intersectorielle à l’échelle nationale est structurante pour donner une vision politique, sur laquelle il est donc possible de débattre pour réussir la transition.

2. C'est quoi le plan ?

La planification s’articule autour de 6 familles pour agir : mieux se déplacer, mieux se loger, mieux préserver et valoriser nos écosystèmes, mieux produire, mieux se nourrir et mieux consommer.

Mieux se déplacer, objectif = -35 Mt CO2e

L’enjeu est d’une part de proposer une offre de transport plus propre et accessible partout et d’autre part de changer les comportements pour se déplacer plus respectueusement de l’environnement et pour notre santé.

Ainsi, le plan intègre notamment le choix de la voiture électrique légère, le passage au vélo, l’utilisation des transports en commun, le covoiturage pour les trajets du quotidien, la sobriété dans nos déplacements ou encore une réflexion sur l’aérien (efficacité énergétique et sobriété).

Pour accompagner chaque action, des solutions concrètes de soutiens financiers ou d’infrastructures sont envisagés : citons par exemple le renforcement de l’aide à la conversion pour la voiture électrique, le développement accru de pistes cyclables sécurisées ou encore des mesures de fiscalité pour dynamiser le covoiturage.

Mieux se loger, objectif = -28 Mt CO2e

L’enjeu est d’avoir des logements plus économes en énergie mais aussi plus adaptés face au changement climatique.

Le plan prévoit une énergie renouvelable et décarbonée pour le chauffage, des rénovations plus performantes et de la sobriété.

Pour cela, les mesures d’accompagnement seraient notamment le soutien au développement des pompes à chaleur et un accompagnement renforcé pour la rénovation.

Mieux préserver et valoriser nos écosystèmes, objectif = -25 Mt CO2e

Est reconnue ici notre dépendance à la nature pour mieux agir face à l’érosion forte de la biodiversité. Il s’agit aussi de revoir l’équilibre entre exploitation et préservation des ressources.

Le plan prévoit de préserver la nature et de la restaurer, de protéger la richesse de nos sols, d’engager tous les acteurs (citoyens, Etat, collectivités et entreprises) dans cette mobilisation pour la biodiversité, de soutenir une eau de qualité et suffisante pour tous et de mieux gérer les forêts.

Concrètement, il s’agit entre autres de réduire le rythme d’artificialisation des sols de 50% en 10 ans (pour atteindre le Zéro artificialisation Nette en 2050), de lutter contre la pollution plastique avec la fin progressive des emballages plastique à usage unique (notamment via la loi AGEC), de planter +5000 kilomètres linéaires par an de haies et de renforcer les capacités de stockage de nos forêts avec +1 milliard d’arbres d’ici 2031.

Mieux produire, objectif = -113 Mt CO2e

Il s’agit de décarboner l’ensemble du cycle de production, de l’énergie dont la fabrication a besoin, jusqu’à la valorisation des déchets en fin de vie.

Les leviers de réduction dans la production sont les plus importants en absolu. Le plan présente alors des leviers divers et complémentaires : décarboner les 50 sites industriels les plus émetteurs de CO2, diminuer l’impact environnemental des flux logistiques, produire une énergie plus propre, accélérer la rénovation des bâtiments tertiaires, réduire les déchets et mieux les valoriser, promouvoir une économie circulaire et sécuriser l’accès aux matières premières.

Pour cela, notons entre autres, que la part du ferroviaire devra doubler d’ici 2030, tout comme le rythme annuel de développement du photovoltaïque, la quantité de métaux présents dans les batteries devra diminuer et la production d’énergie via les combustibles solides de récupération (liés aux déchets) sera soutenue. Le plan d’investissement France 2030 de 54 Md€ (dont la moitié pour la décarbonation de l’économie) vient soutenir cela.

Mieux se nourrir, objectif = -13 Mt CO2e

L’enjeu est de changer nos habitudes alimentaires tout en accompagnement les filières agricoles dans leur transformation. Au-delà de ces changements, il est question de souveraineté alimentaire, d’adaptation des cultures, de préservation des ressources…

Le plan prévoit de baisser les émissions de gaz à effet de serre liées à l’agriculture, de produire plus durablement et d’accompagner l’évolution de notre alimentation.

Concrètement, il faudra notamment changer profondément l’utilisation de fertilisants azotés, accélérer le développement de l’agriculture biologique (pour atteindre 21% des surfaces en 2030, soit +10 points), accélérer le développement de la culture de légumineuses, lutter contre le gaspillage alimentaire et évoluer vers régimes alimentaires moins émissifs (plus de végétaux et moins de viande, celle-ci étant aussi de meilleure qualité).

Mieux consommer

L’enjeu est de questionner nos achats, grâce à une meilleure information et en prenant en compte les impacts de nos achats sur tout leur cycle de vie.

Le plan est encore en cours de développement, mais il prévoit d’encourager une consommation plus sobre, de mieux informer les consommateurs sur les impacts environnementaux de leur consommation et d’intensifier les achats responsables des entreprises ou des collectivités.

Les leviers de réduction par famille se résument ainsi de la façon suivante :

Pour chaque famille, la planification intègre des indicateurs spécifiques qui permettent de s’assurer de la bonne trajectoire ou, le cas échéant, de la corriger.

Les points clés pour réussir

Pour que la planification écologique réussisse, elle doit s’appuyer de manière transversale sur les points suivants :

  • Un déploiement accompagné à toutes les échelles : dans les territoires, au sein de l’Etat, au sein des filières et dans les entreprises
  • Un financement de la transition via des dépenses publiques et privées supplémentaires (plusieurs dizaines de milliards d’euros par an)
  • Un soutien aux ménages les plus modestes pour faire de la transition une opportunité d’améliorer leur qualité de vie
  • La formation des citoyens sur les enjeux de la transition et sur les métiers de demain
  • Le numérique pour une meilleure efficacité des mesures et une gestion de la complexité

Concernant le déploiement dans les entreprises, une mobilisation des grandes entreprises est attendue pour se doter de plans de transition ambitieux et créer un effet d’entrainement grâce à cela. Pour les TPE / PME, le soutien passe notamment par des aides à la transition et le soutien des investissements dans l’innovation verte (financements importants via « France 2030 »).

Pour bénéficier de ces aides à la transition, VERACY peut vous accompagner avec deux diagnostics subventionnés : le Diag Décarbon’Action qui permet de réaliser le bilan des émissions de gaz à effet de serre de son entreprise et le Diag Ecoconception qui permet de mesurer les impacts environnementaux d’un produit ou service grâce à une Analyse de Cycle de Vie puis de démarrer une démarche d’écoconception.

En plus de réduire, la nécessité de s’adapter

La priorité est donnée à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, le changement climatique a déjà des effets sur nos vies qui vont s’accentuer dans les prochaines années, il est donc clé de préparer dès maintenant également l’adaptation au changement climatique. Des actions sont déjà menées en ce sens, comme la réglementation environnementale pour les bâtiments neufs (RE2020) qui prend en compte des critères pour le confort dans un monde qui se réchauffe ou le Fonds Vert qui permet aux collectivités locales de financer des actions d’adaptation sur leur territoire.

Pour aller plus loin, le gouvernement a lancé une consultation publique (clôturée en septembre 2023) sur la trajectoire de réchauffement de référence au changement climatique (TRACC) que le pays pourrait prendre pour travailler sur la résilience de la France. La proposition s’articule autour de +4°C en France, les politiques actuelles au niveau mondial menant à +3°C en 2100 en moyenne.

A lire également